Jérôme Maillet, Jéronimo de son nom d’artiste, dépose lui aussi ses œuvres éphémères dans la rue depuis très longtemps. Entre peinture, collage, sérigraphie, linogravure, typographie, son travail est centré sur des personnages et des visages. Membre du Collectif Superpose, qui capture des instantanés du quotidien pour les dessiner et les coller en grand sur les murs, cet architecte nantais s’inspire de la ville, de ses habitants, de rencontres. En 2011, les murs de Dakar en ont fait l’expérience, avec un écho jusqu’à Nantes : des visages venus de la capitale sénégalaise ont été placardés quai Wilson et aux anciens abattoirs de Rezé. En 2012, le collectif a de nouveau fait parler de lui du côté de l’île de Nantes : un collage spectaculaire de 30 m de long et de 9 m de haut, composé de dessins originaux, a été posé sur la Halle Alstom, avant d’être grignoté par les intempéries. Sur le site du collectif, une vidéo montre l’évolution de cet impressionnant collage, de ses débuts jusqu’à la fin. En attendant la suite !
"Ma pratique est urbaine. La rue est pour moi le lieu de mixité par excellence. Elle s’impose comme le premier territoire d’exploration d’une ville.
Au fil des années et des essais de peintures, collages et stickers, mon travail s’est transformé. Désormais, je puise uniquement dans une iconographie issue du microcosme dans lequel j’interviens. Une pratique qui tire en partie ses racines du film « Brooklyn Boogie », où le sujet essentiel est de parler d’un quartier entier de New York, seulement du point de vue de l’intérieur d’une petite épicerie d’angle.
L’objectif de mes interventions est maintenant d’extraire d’une rue des images appartenant à un imaginaire collectif et de venir les replacer dans celle-ci, sous formes de grands dessins collés. Un élément du paysage quotidien d’une rue devient alors une icône temporaire placée sur un mur (un habitant, un objet, un animal, un lieu, une écriture, etc.). Procédé mis en œuvre lors de la réalisation de grands collages à Dakar en mars et décembre 2011, et renouvelé pour Nantes en 2012.
Le temps les fera disparaître. Déchirures, effacements, dégradations font partie du jeu de l’affichage dans la rue et permettent ainsi le renouvellement régulier de nos propres symboles. Les lieux se modifient et les iconographies qui leur sont liées aussi. La légèreté du collage permet ce roulement et cette relecture régulière."
Jéronimo