Lorsque l’on s’intéresse à l’art urbain, on tombe forcément sur Ernest Pignon-Ernest. Là encore, on cherche, on se documente, on lit, on regarde des vidéos, on remonte le temps. On apprend que dès 1966, il a été le premier à choisir la rue comme support : hanté par Hiroshima et Nagasaki, il crée un parcours de pochoirs sur le plateau d’Albion, où était positionnée la force de frappe atomique française. Depuis, il n’a jamais cessé de diffuser des images sur les murs des villes. Dans des lieux choisis à l’avance, qui font sens, il dépose des dessins originaux au crayon et à l’encre, ou des sérigraphies multipliées à des centaines d’exemplaires. En 1978, son portrait grandeur nature d’Arthur Rimbaud, imprimé en noir et blanc, a particulièrement marqué les esprits. De nombreux artistes de rue s’inspirent aujourd’hui encore de cette fameuse image du poète.
En prolongeant l’exploration, on découvre aussi les interventions engagées d’Ernest Pignon-Ernest (collages sur les massacres de la Commune de Paris, silhouettes d’expulsés, malades du sida en Afrique du Sud…) et le travail qu’il a mené à Naples. De 1988 à 1995, en puisant dans la mythologie et l’Histoire, il a collé de multiples personnages dans la ville italienne. Ceci a donné lieu à une exposition photographique itinérante, qui a fait étape à l’artothèque de Nantes en 1991, en présence de l’artiste.
S’il n’a jamais laissé de collages à Nantes, il y est venu à plusieurs occasions, notamment pour son service militaire avant son départ en Algérie mais aussi pour rencontrer Daniel Biga, artiste-peintre, ancien professeur à l’école régionale supérieure des Beaux-Arts, président de la Maison de la Poésie de Nantes jusqu’en 2007, et ami de longue date.