S’il n’y a pas (encore) eu d’équivalent à « Bomb’Art » en 1991, plusieurs expositions se sont succédé à Nantes depuis, essentiellement organisées par des artistes de street art, des associations et des collectifs de graffeurs.
En 2004, les membres de Dixstyles ont ainsi invité le public à « Hot Pression » à l’Espace Pebroc, boutique bien connue des graffeurs. La même année, les locaux d’Artik à Rezé ont accueilli Deuce et Raisin des B2M pour « Orange Vestorik », une interprétation du film « Orange Mécanique » de Stanley Kubrick. A l’occasion du festival Breack Up, Pick’Up Production a fait un état des lieux du hip-hop nantais lors d’« Hit Optimist », à Pol’n.
Depuis, chaque festival d’Hip’Opsession donne lieu à une exposition de graffiti. En avril 2005 par exemple, six graffeurs de référence européenne (Alëxone de Belgique, Reso de Toulouse, Web’s et Ensu de Nantes, Sye d’Espagne, et Popaye de Paris) ont eu carte blanche pour exploiter au maximum les 300 m2 de Pol’n lors de l’exposition « Spray Can Control ».
Les locaux de l’association ont également été revisités par The Blind, Kazy, The Postman Quartet, Ryngar 72 et Gratos en octobre 2008 lors de « Glasnost Dead ». Cette exposition est née d’un périple de Kazy et The Blind dans les pays de l’Est. Avec un objectif : «éveiller la curiosité et la conscience du spectateur sur l’ancien bloc soviétique en posant à travers les œuvres réalisées, un regard à la fois fasciné et ironique, en questionnant le thème de la liberté d’expression». Peintures, sérigraphies, collages, graffiti, illustrations et sculptures ont envahi les murs, avant de prendre le chemin de Toulouse, Lille et Rennes.
D’autres expositions collectives se sont tenues dans des bars (« Milkmail » en 2005-2006, « Manège à 4 » en 2006, « Le Chasseur Français » en 2007…), des librairies (« Les facteurs associés vous invitent à la fête foraine » à Vent d’Ouest-Lieu Unique en 2007, « Nightlight » à Idéogramme en 2008) ou dans des espaces-galeries (« Vox Populy » en 2006 à l’espace Roger Portugal…).
Pour les amateurs, d’autres expositions sont régulièrement proposées toute l’année dans des cafés, des librairies (notamment L’Index, en partie spécialisée dans le graffiti et l’art urbain), des boutiques (magasin de bombes Street Control, salon de tatoo TurboZéro, Babeth Shop…), des lieux associatifs, des maisons de quartiers…
Tout le reste est dans la rue, jamais monotone, toujours changeante et vivante. Dans le monde du graffiti, rien n’est figé, tout est à venir. De nouveaux graffeurs mélangeront leurs styles, des crews se formeront encore, des peintures seront remplacées par d’autres, des artistes d’art urbain déposeront de nouvelles affiches, des pochoirs et des stickers. On ne fera véritablement jamais le tour de cet univers infini, où l’on découvre chaque jour des nouveautés et de nouvelles formes : le tricot est par exemple plus que jamais à la mode, désormais utilisé pour embellir et habiller l’espace urbain, du mobilier aux arbres en passant par des ponts et des autobus ! Né aux Etats Unis en 2005, cet art appelé « Yarn Bombing » invite toutes les mains agiles à déposer des couleurs dans les villes !
Dans un autre registre, le Light Painting (« peinture de lumière ») a aussi la cote ! Expérimentée par le photographe américain Man Ray en 1937 puis par Pablo Picasso en 1949, cette technique de prise de vue consiste à jouer avec une source de lumière dans un environnement sombre pour dessiner des trainées lumineuses. Souvent pratiqué en ville, composé avec le mobilier urbain et les éclairages artificiels, ce « light graffiti » sans bombe aérosol permet d’écrire des petits mots, de faire des gribouillis mais aussi de dessiner des formes variées et colorées, avec des effets étonnants. Le calligraphe Nantais Julien Breton en sait quelque chose, qui utilise cette technique depuis plusieurs années et en est devenu un véritable spécialiste.
Et l’on mesure que le monde du graffiti est vaste, innovant et décidemment bien surprenant. Les galeries et les musées l’ont bien compris, les Villes aussi, de plus en plus nombreuses à soutenir et à reconnaître cette pratique comme un art. Nantes en fait partie, et nul doute que les murs n’y ont pas dit leur dernier mot !