nantes street art

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Pour la petite histoire, depuis Lascaux, les hommes n’ont cessé d’écrire sur les murs. C’est particulièrement le cas des civilisations grecques et romaines qui ont laissé de nombreux signes témoignant de leurs modes de vie, croyances, centres d’intérêt. Dans leurs écrits, des auteurs de l’Antiquité (Cicéron, Aristophane, Pline…) font état de graffiti érotiques et d’inscriptions spontanées ayant la forme de « satires personnelles » ou de « poésies élogieuses. » Annonces électorales, messages de supporters aux athlètes, messages politiques, religieux, érotiques, écrits personnels…: les murs antiques en ont lu de toutes les couleurs !

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Les villes en sont pleines, les services de nettoyage sont à l’oeuvre chaque jour, des habitants se montrent exaspérés : désormais plus nombreux que les graffiti traditionnels, les tags et les graffs sont partout, sur les portes d’immeubles et de garages, les palissades, les gouttières, les poubelles, les abris bus, les boîtes aux lettres, les murs sales ou fraîchement ravalés, les panneaux de signalisation, les camions de marché…

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Dans les villes, les toits et cheminées font également partie des lieux privilégiés des tagueurs, il suffit de lever la tête pour s’en rendre compte !

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Les ponts, les bords des périphériques, les tunnels souterrains des réseaux de transports en commun et les voies ferrées sont aussi très prisés. Dans ces lieux difficiles d’accès et très dangereux, où des jeunes perdent parfois la vie, les tags et les graffs y restent plus longtemps et sont soumis à la vue d’un plus grand nombre de passants. En roulant sur une quatre voies ou en prenant le tramway d’un bout à l’autre de la ville, on en mesure l’ampleur et la portée. Derrière la vitre, c’est un tout autre paysage qui s’offre au regard, constitué de noms bizarres et de lettres qui s’étirent et se mélangent, se déchiffrent ou restent illisibles.

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Depuis une vingtaine d’années, on voit aussi des tags et graffs sur des trains, très recherchés pour la visibilité qu’ils offrent d’une gare à une autre. A Nantes, « dans les années 1990, en plus de leur chargement habituel, les wagons ont commencé à ramener, sur les panneaux coulissants et les bâches, des tags et des graffs récoltés aux quatre coins du pays. J’ai alors pris conscience des possibilités de cet énorme réseau, et je suis entré dans le jeu avec mes amis proches. Cette passion pour le graffiti n’a jamais cessé de grandir, avec en parallèle, un amour fou pour le support, sa diversité, son histoire », écrit Jiem dans son livre « Outside the box », consacré à « L’art des hobos et des cheminots en Amérique du Nord ».

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Les camions de marché et les camionnettes ne sont pas non plus épargnés par les tags et les graffs. Comme pour les trains, ce support est un moyen de mieux se faire connaître à travers la ville. Ce qui ne réjouit pas forcément les propriétaires des véhicules...

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Avec le tag est loin de l’univers du street art, et c’est dans un tout autre monde que l’on met soudain les pieds. Un monde codé, technique, avec son vocabulaire bien à lui, qui ne semble pas s’adresser au grand public. Pour le tagueur, si l’on comprend bien, le souci n’est pas de plaire. L’objectif est de se créer une identité et de se faire connaître (et reconnaître) de ses pairs, donc de diffuser sa signature le plus possible, en grande quantité et de préférence avec qualité, dans un maximum d’endroits. “On peut juste signer ou faire un lettrage super rapide avec une forme ronde parce que ça va plus vite. Généralement il y a deux couleurs, l’une pour le remplissage, l’autre pour contour. On appelle ça un flop ou un trow-up.

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A Nantes, “un plan d’action de lutte contre les graffiti”a été mis en place par la communauté urbaine : tous les tags et les graffs qui ne sont pas sur des murs légaux sont systématiquement effacés. Depuis avril 2002, six équipes spécialisées sont chargées de cette tache quotidienne dans le centre ville. En janvier 2003, le dispositif a été complété avec des entreprises privées, missionnées pour le nettoyage des autres quartiers.

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Pour la petite histoire, c’est avec le tag que le graffiti est né aux Etats-Unis, à Philadelphie, où les gangs avaient pour habitude d’écrire leur nom dans leur quartier. Sans le savoir, deux adolescents ont donné naissance au graffiti-signature en marquant les murs de la ville de leur pseudonyme (“Cool Earl” et “Cornbread”) à la fin des années 60. New York a fait le reste : en 1969, le métro est pris d’assaut par des graffeurs (ou “writers”) qui recouvrent les rames de leurs blazes (“Taki 183”, “Tracy 168”, “Akmy”, “Stay High 149”…) et se livrent à une vraie compétition visuelle. Spectaculaire, le mouvement prend de l’ampleur puis évolue. Les writers réalisent qu’ils doivent jouer sur la couleur et la taille pour attirer l’attention, et se soucient d’esthétique.

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Les terrains vagues, les friches industrielles, les maisons et usines abandonnées sont des lieux parfois fréquentés par des curieux, des promeneurs du dimanche et des photographes en tous genres. Certains y cherchent les marques du passé enfoui sous la rouille et la poussière, perdu sous la végétation sauvage, caché sous la saleté et le désordre laissé. D’autres s’intéressent à l’architecture, à la mémoire d’un site, à ce qu’il en reste.